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Rescapés de la guerre du Tchad

Une famille de missionnaires s´est retrouvée au coeur d´un conflit armé. Récit d´un rapatriement express et de ses séquelles

Les Suter, des missionnaires au Tchad, se souviendront longtemps de ce printemps 2008. La guerre les a forcés à rentrer au pays pendant trois mois. Aujourd´hui, ils sont de retour à leur travail humanitaire alors que le pays a retrouvé un semblant de calme et que leurs projets d´entraide peuvent se poursuivre. Mais « la vie au Tchad n´est déjà plus comme avant. Il y a eu trop de brutalité et de destruction », commente hélène Suter. « Si ma confiance en Dieu s´est approfondie, je dois encore lutter intérieurement pour aller de l´avant, des soucis qui me retiennent. Dieu m´invite à rester près de lui et, ensemble, nous avancerons. »
–CREDIT–
Immersion
Ils avaient posé leurs bagages à N´Djaména, la capitale, non loin de l´école française. Dominique devait mener un projet vétérinaire parmi les nomades
dans le Nord du pays, dont le maigre bétail est l´unique ressource.
hélène, de son côté, entourée de ses enfants, soutenait son mari essentiellement depuis la maison. Elle a particulièrement développé les
relations avec les Tchadiennes. habillée comme elles, elle a appris à faire ses courses au marché et à cuisiner à la mode du pays pour accueillir. La simplicité de ces femmes l´interroge : elles n´ont pas le temps de se poser toutes sortes de questions existentielles, occupées qu´elles sont à assurer
leur survie au quotidien. En occident, on veut tout remettre en question; elles, non. Elles ne sont pas habituées à montrer leurs émotions. L´amitié
se construit sur d´autres bases mais, néanmoins, des liens se tissent.

Sauver sa peau
Mais la situation politique se dégrade et on annonce des combats imminents. vers neuf heures un matin, on entend les premiers tirs en bordure de la capitale. À 10h20, les premières rafales claquent sous les fenêtres.
Dans l´immédiat, il faut se sauver, sauver sa peau. Les expatriés, cloîtrés comme des prisonniers dans l´école française, se précipitent sous les tables où ils resteront jusqu´à la tombée de la nuit. Lorsque les chars tirent en passant à côté de l´école, il y a le bruit, le souffle et les tremblements.
Plusieurs voyages sont organisés ensuite pour transférer les expatriés en véhicules blindés jusqu´à la base militaire française. De là, c´est le Gabon, puis Paris, enfin la Suisse. Le périple aura duré soixante heures.

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Digérer les événements
Partir en mission avec quatre enfants n´est déjà pas une mince affaire, encore moins quand la guerre éclate. Mais Tabéa et rachel (11 ans), Nadia
(9 ans) et Anja (6 ans) étaient bien chez elles à N´Djaména. Elles vivaient sereinement parmi leurs camarades et leurs animaux. Si le vacarme et l´ambiance des combats les ont affectées, elles ont été préservées d´images traumatisantes. Lors du debriefing, elles ont pu s´exprimer par le dessin,
d´où il ressort qu´elles menaient une vie bien agréable parmi les Tchadiens.
Pour sa part, hélène a l´impression d´être revenue physiquement dans son pays natal, alors que son coeur restait en Afrique. Pourtant elle raisonne :
« Nous ressentions un déchirement profond à la pensée de tout quitter, le travail, notre maison, nos amis, mais il était impossible que nous restions au
Tchad. Les tirs nous plongeaient dans un stress insupportable physiquement et psychologiquement et pourtant, nous avons été gardés de la panique ». Elle dit aussi s´être sentie portée, dans cette épreuve, par les prières de ses amis d´Europe.

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles – Septembre à Novembre 2008

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