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Quand on ne parvient plus à estimer les hommes

Perdue au long des chemins de souffrance et de déception, l’estime est essentielle dans les relations avec l’autre sexe. Petits pas sur l’échelle des valeurs retrouvées
Magaly Mavilia

«Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus». Le titre du best seller de John Gray est devenu un dicton. Il résume toutes les différences qui font qu’il y a mille et une façons de ne pas se comprendre, donc de ne pas s’estimer et, finalement, ne pas s’aimer. Tout comme ce livre propose des pistes de réflexions, des petits efforts à faire, un point de vue différent à adopter, nous avons rencontré Nick Miller (photo), psychiatre, psychothérapeute FMH à Montreux, histoire de démêler un peu l’écheveau afin de retrouver l’estime des hommes qui nous entourent.

L’estime touche l’être profond
Estime et admiration sont sœurs jumelles, pourtant l’estime est plus profondément ancrée dans l’échelle de nos valeurs. On admire quelqu’un parce qu’il est un virtuose de l’informatique ou qu’il est beau comme un prince, par contre on estimera un homme pour les efforts qu’il va fournir dans la vie de tous les jours, pour lui-même comme pour ceux qui l’entourent. L’estime touche l’être profond, au-delà des petits défauts de surface.
«L’estime de l’autre est fondamentale», explique Nick Miller. «C’est un privilège de partager la vie d’un être que l’on estime et qui nous estime. Il faut s’en rendre compte. Si l’on ne peut pas l’estimer, l’idéaliser, un peu, comment faire marcher l’imaginaire du désir?»

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Les causes
«Manquer d’estime», relève Nick Miller, «c’est être déçu de l’autre, le dés-idéaliser». Le thérapeute entrevoit trois raisons principales à cela : premièrement, les blessures reçues dans la relation aux hommes liées à des abus ou de la violence, par le père, le frère ou dans les premières relations amoureuses. Ensuite, une femme pourrait manquer d’estime pour les hommes parce qu’elle a besoin d’être écoutée et comprise et peut-être qu’elle ne trouve pas ce qu’elle cherche et se retrouve blessée. Troisièmement et toujours selon le thérapeute, le manque d’estime peut également provenir d’un manque de confiance en soi qui peut conduire, paradoxalement, à idéaliser l’homme.

Estime et amour
Nick Miller cherche à articuler l’estime par rapport à une notion plus vaste : l’amour. On peut estimer quelqu’un que l’on n’aime pas, mais l’on ne peut pas aimer quelqu’un que l’on mésestime.
«En plus de l’attirance sexuelle, il y a des besoins affectifs, d’appartenance, de sécurité et tout cela est couvert par le mot magique “amour”. Or il faut pouvoir différencier ces désirs et besoins et admettre qu’aucun homme ou femme ne va être en mesure de satisfaire pleinement tous nos besoins». Pour une rencontre vraie, authentique, il faut progresser vers la maturité qui consiste à discerner ses propres besoins de sécurité matérielle et affective et être à même de les assouvir en prenant appui sur ses propres ressources. Enfin, pour Nick Miller, il faut accepter que l’autre est libre. «À partir de là, le bonheur est possible.»

La discipline des petits bonheurs
«Dostoïevski disait qu’il ne croit pas que l’on puisse aimer un humain de très près. Comment aimer quelqu’un qui a autant de défauts? Tout comme s’aimer soi-même est un travail d’hygiène mentale quotidienne, auquel on peut défaillir, estimer l’autre, sortir de l’usure et de la monotonie est aussi un travail», poursuit le thérapeute. C’est focaliser son attention sur les petits riens de la vie quotidienne qui peuvent enrichir la relation de plaisir et d’émotion par notre propre action. C’est revenir à la source du désir d’être ensemble : le fait que l’autre nous manque, nous complète, nous enchante, nous fait du bien ou nous provoque. «Rappelez-vous l’émotion et la joie des derniers bons moments passés ensemble. Et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour recréer de tels moments, mettez en valeur sa beauté et ce que vous aimez en lui», conclut Nick Miller. ❤

Magaly Mavilia

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