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Michelle Ranaïvoson: vocation femme d’affaires

© Alliance Presse
Malgré sa petite stature, Michelle Ranaïvoson est une «grande dame». Sa préoccupation: le développement durable de Madagascar, par le biais de la formation des jeunes. Le Club des Femmes Entrepreneurs de Suisse lui a décerné le Prix de la Femme Entrepreneur 2010 (catégorie «social»), un prix déjà octroyé par le passé à d’autres chrétiennes engagées
Sandrine Roulet

Que représente pour vous ce Prix de la Femme Entrepreneur, que vous avez reçu à Genève le 5 octobre?
J’étais très fière et émue en repensant à tout ce qui a été accompli. Il représente vingt années de travail. En 2010, nous fêtons les vingt ans de l’institut que j’ai monté avec mon mari.

Vous avez fondé cet Institut Supérieur de la Communication, des Affaires et du Management (ISCAM) pour former des cadres. Quel est votre bilan à ce jour?
Deux mille élèves sont sortis de l’ISCAM avec un diplôme et cinq mille personnes y ont suivi une formation continue. On les retrouve dans le commerce international, la communication, le management et le tourisme. Beaucoup ont créé leur propre entreprise.

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L’ISCAM a acquis une reconnaissance de l’Etat malgache. Les gens savent qu’il est dirigé par des croyants. De plus, les entreprises nationales recrutent beaucoup de nos diplômés. Nous avons aussi des partenariats avec des écoles étrangères.

Quels ont été les obstacles que vous avez dû surmonter pour développer cet institut?
Les différentes crises politiques qui ont secoué le pays! Par exemple, en 1991, il y avait des manifestations, des grèves générales. Notre bâtiment a failli être endommagé.

Les obstacles étaient aussi financiers. Nous n’aurions pas pu créer l’ISCAM si nous n’avions pas déjà les bâtiments. Ils appartenaient à mon père, qui dirigeait un collège pour les élèves du primaire et du secondaire.
–CREDIT–
Nous avons investi personnellement beaucoup d’argent dans ce projet. Si mon mari n’avait pas été fonctionnaire international, cela n’aurait pas été possible. Comme nous habitions en Suisse, nous avons reçu du matériel en quantité, ordinateurs, livres, etc., de nos voisins, de notre réseau de contacts et de la Confédération helvétique.

Comment faites-vous face aux responsabilités qui incombent à votre poste?
Grâce à la prière. C’est la première chose que je fais en me levant le matin. Je n’affronte jamais seule mes décisions. Je bénéficie aussi du soutien et de l’aide de ma famille. Mon mari est mon conseiller juridique et sur place, je peux compter sur mes collaborateurs.

En tant que présidente de l’Institut, j’ai de nombreux rendez-vous avec les politiques et chefs d’entreprise du pays. L’un de nos fils a maintenant pris la direction.

Comment êtes vous venue à la foi chrétienne?
Je suis née dans une famille croyante mais jusqu’à trente ans, c’est plus par tradition que je fréquentais l’Eglise. Un jour, ma mère est tombée malade. Le cancer. J’ai entendu mon père dire, dans une sorte de prière, qu’il fallait «tout confier dans les mains de Dieu». Ces paroles m’ont poursuivie. Une nuit, je me suis mise à prier et à demander pardon à Dieu. Je venais de réaliser que Jésus avait versé son sang pour que mes péchés soient effacés. Par la suite, il s’est révélé à moi à de nombreuses reprises.

Qu’est-ce que la foi change dans votre vécu d’entrepreneur?
Avec la foi, j’ai appris à ne pas trop me fier à mon expérience ou à mes compétences mais à me laisser guider. Les affaires ne sont pas seulement une profession mais une vocation, qu’on doit chercher à discerner dans la prière. Oui, Dieu est toujours avec nous. Mais sans les œuvres, comme le dit l’apôtre Jacques, la foi est morte. Voilà pourquoi j’ai travaillé jusqu’à ce jour.

Quels sont les passages bibliques qui vous inspirent?
Dans la cour de notre institut, j’ai fait apposer une stèle en mémoire de mon père. Elle comporte un verset des Proverbes: «Recevez mon instruction plutôt que de l’argent. La connaissance est préférable à l’or raffiné». Le savoir et la sagesse sont en Dieu depuis le commencement. Pour les recevoir, je m’adresse à Dieu et je me soumets à sa volonté.

Un autre verset inspire mon quotidien: «Tout ce que vous faites, faites-le de tout cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes, sachant que vous recevrez de lui l’héritage en récompense.» (Col. 3,23-24). Notre vraie récompense sera au Ciel.

Quelles sont les valeurs que vous voudriez transmettre à vos étudiants?
L’excellence, l’intégrité et le respect. Nous ne voulons pas seulement que notre école délivre une formation mais aussi une bonne éducation.

En parallèle de votre travail, vous avez élevé trois enfants. Des regrets par rapport à cette double casquette?
Non, j’ai su concilier les deux. Aujourd’hui, mes trois fils sont engagés dans la foi. Deux d’entre eux ont même suivi une formation de manager dans un cadre chrétien. L’ISCAM est aussi un peu leur «bébé».

Pour l’avenir, quels sont vos projets, vos rêves?
Nous visons à devenir la meilleure école de management d’Afrique francophone! Mais notre rêve est aussi de créer une fondation pour garantir les différents projets que nous avons, comme des logements sociaux.

Idéalement, nous voudrions agrandir l’école en un campus universitaire et proposer des formations diversifiées, afin que les jeunes restent à Madagascar et ne partent pas étudier à l’étranger, d’où nombreux ne reviennent pas. C’est une perte pour le pays. Je prie aussi pour trouver un mécène qui soutiendra notre fondation. Notre objectif est vraiment le développement durable du pays.

Propos recueillis par Sandrine Roulet

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-09 – Décembre – Février

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