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Marie-Hélène, l’ange des prisonniers

© Alliance Presse
Depuis deux ans, Marie-Hélène visite les prisonniers pour les écouter, les soutenir moralement et rayonner de l'amour de Dieu. Elle est elle-même très encouragée de vivre ces expériences relationnellement très fortes
Sandrine Roulet

Que faire lorsqu’on dispose de beaucoup de temps libre et d’un cœur plein de compassion pour les autres? Cette question, Marie-Hélène se l’est posée en 2008, lorsqu’elle s’est retrouvée à la retraite à 54 ans. Très vite, une idée s’est imposée à la Française: visiter les prisonniers, «ceux qui sont privés de liberté et parfois oubliés des leurs».

Après avoir effectué les démarches administratives auprès du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation, elle doit encore attendre neuf mois pour obtenir sa carte de visiteuse. Puis arrive enfin la grand jour. Très motivée, mais avec une certaine curiosité mêlée d’appréhension, Marie-Hélène se rend à la prison pour sa première visite:

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–CREDIT–

«J’étais convaincue de pouvoir compter sur l’aide de Dieu. J’ai été vite rassurée car j’ai été très bien accueillie par les détenus, hommes ou femmes», se souvient-elle.

Seuls contacts avec l’extérieur
Au départ, les visiteurs ne savent rien des personnes qu’ils vont rencontrer. Ce sont les prisonniers qui choisissent ou non d’être visités. Pour certains d’entre eux, ces moments sont les seuls où ils peuvent entrer en contact avec une personne extérieure à la prison. Alors ils se sentent libres d’exprimer les sentiments qui les habitent. «Les échanges sont différents avec chaque personne», précise Marie-Hélène, «mais presque tous me confient les raisons de leur incarcération. Je ne les juge jamais, c’est le rôle de la justice. Je les écoute et suis attentive à leurs préoccupations». Elle éprouve de la compassion pour ces prisonniers, mais aussi pour les victimes qui ont subi les conséquences de leurs actes et comportements parfois horribles.

Un soutien psychologique
Son rôle de visiteuse, Marie-Hélène le conçoit surtout comme un soutien moral. Par ailleurs, elle encourage les prisonniers qu’elle visite à utiliser tous les moyens mis à leur disposition pour préparer «l’après-détention». Il lui arrive aussi d’accompagner un détenu jusqu’au difficile moment de son procès. «Les prisonniers rêvent de retrouver la liberté, mais elle leur fait aussi peur. Où vont-ils aller et que vont-ils faire? Comment arriver à exister en tant que personne libre et non plus en tant qu’ancien détenu?», s’interroge Marie-Hélène. Dans ces démarches de réinsertion, ils restent encadrés par l’administration pénitentiaire.

L’amour, un témoignage puissant
Chaque prisonnier est présent dans les prières de Marie-Hélène. Bien qu’elle ait dû s’engager à ne pas faire de prosélytisme, la quinquagénaire a des occasions de partager sa foi lorsque les prisonniers abordent avec elle la question de la croyance. Mais c’est surtout l’amour qui fait la différence: «Je constate que je peux avoir un témoignage discret mais puissant, simplement en les rencontrant et en les écoutant avec l’amour que je puise en Dieu!».

Ces échanges l’enrichissent aussi: «Chaque rencontre est unique, c’est un moment paisible; je peux répandre ce que mon cœur a de meilleur et je reçois aussi beaucoup de leur part. Je suis très touchée par la confiance qu’ils me témoignent.»

Privilégiée d’avoir des repères
Cet engagement personnel auprès des prisonniers a fait prendre conscience à Marie-Hélène du sens profond du mot «liberté», mais aussi du privilège d’avoir des repères dans sa vie. «Chaque fois que, en quittant ces lieux, je passe ce grand portail de fer, je suis reconnaissante d’avoir reçu une bonne éducation, des valeurs morales et un héritage spirituel, ce qui n’est pas le cas de toutes ces personnes incarcérées». La Française ne souhaite qu’une chose: pouvoir continuer, avec l’aide de Jésus-Christ, d’être cette petite lumière dans un environnement bien triste et sombre.

Sandrine Roulet


Extrait d’une lettre d’une détenue à un prisonnier

«Je remercie Dieu d’avoir mis une visiteuse sur mon chemin. Car depuis vingt-trois mois, personne ne vient me voir en prison. Alors, quand Marie-Hélène me rend visite, elle apporte avec elle le soleil dans mon cœur. Elle est un bouquet de senteurs venant de l’extérieur, habillée de mille couleurs qui réchauffent mon cœur. La fraîcheur de son sourire est un pur bonheur. Les échanges spirituels guérissent mon cœur. Marie-Hélène est un repère dans ma semaine, un lien qui me permet de ne pas être complètement déconnectée du monde et qui me rappelle que la vie vaut la peine d’être vécue. Sans Marie-Hélène, je serais bien souvent passée de l’autre côté; mais elle était présente pour me réconforter, me redonner l’espoir, me faire prendre conscience que je suis utile aux autres».

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