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Ma mère est atteinte d’Alhzeimer

© Alliance Presse
Apprendre que sa mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer et la voir diminuer est une expérience douloureuse. Une quinquagénaire a traversé ce temps particulier en s’appuyant sur sa foi
Sandrine Roulet

Séverine a cinquante-sept ans quand elle apprend que sa mère souffre de la maladie d’Alzheimer. Si jusqu’à ce jour, mère et fille ont eu une bonne entente, elle réalise que leur relation va changer et que l’expérience sera émotionnellement chargée. L’ancienne maîtresse de rythmique se tourne vers un spécialiste des maladies dites dégénératives: «Je voulais me préparer afin de mieux appréhender la personne qu’elle allait devenir au fil de l’évolution de sa maladie», explique Séverine. Le psychiatre lui explique que seules les caresses peuvent maintenir le contact; le langage et les apprentissages de la vie vont disparaître.

Inversion des rôles
Séverine est révoltée à l’idée que celle qui lui a donné la vie perde complètement son autonomie. De plus, cette maladie entraîne une inversion des rôles: la mère devient l’enfant et l’ancien enfant le responsable. Séverine raconte: «L’accompagner dans sa folie hors temps, hors contexte tout en gardant une distance protectrice était très dur». Toutefois, la quinquagénaire ne se décourage pas: «Sa confiance, sa dépendance, l’amour qu’elle me portait malgré ses capacités intellectuelles diminuées m’ont bouleversées. Je devais être à la hauteur de ce renversement.»
Quelques temps auparavant, Séverine a fait l’expérience de l’amour de Dieu et s’est engagée à le suivre. Mais dans sa colère face à la situation de sa mère, elle n’a pas le réflexe de lâcher prise et de lui faire de la place. Et puis, dans la famille, on éprouve de la pudeur à parler de sa vie personnelle avec Dieu.

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La prière, un rayon de lucidité
Pourtant, un jour, Séverine fait un pas de foi. «Je ne sais pas pourquoi, je me suis levée et me suis mise debout derrière ma mère. J’ai posé mes mains sur ses épaules et j’ai commencé à prier à haute voix. Je demandais à Dieu de la bénir», se souvient Séverine. «Maman ne bougeait plus et écoutait. Je ne sais plus ce que je disais exactement, mais elle me répondait: “Que c’est beau”». Pour Séverine et une amie présente ce jour-là, c’est la stupéfaction. En temps normal, les propos de la malade sont incompréhensibles. Les trois femmes versent des larmes d’émotion.
Dans les temps qui suivent, la maladie continue d’évoluer mais c’est un réel soulagement pour Séverine de lire la Bible avec sa mère et de chanter des cantiques avec elle. C’est un moment hors du temps où elle retrouve sa mère «comme avant». La lecture du Psaume 23, son préféré, illumine le visage de la malade. Une fois, une infirmière l’a surprise en train de prier à haute de voix.

Reconnaissante
En avril 2006, la mère de Séverine est partie paisiblement vers Dieu. «Tout son être nous montrait qu’elle était prête à le rencontrer», témoigne sa fille. C’est à ce moment que Séverine a réalisé pleinement combien Dieu avait été présent tout au long du chemin. Il avait permis à la mère et à la fille de se retrouver dans cette communion spirituelle. «Aujourd’hui, je suis si reconnaissante à Dieu de m’avoir soutenue et consolée. Je suis en paix avec lui et avec cette maladie», conclut-elle.

Sandrine Roulet

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-09 – Décembre – Février

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