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Lire la Bible comme une rencontre

© Alliance Presse
Laurence Belling est animatrice à la Ligue pour la Lecture de la Bible France. Elle a longtemps accompagné des lycéens dans cette découverte. Elle accompagne à présent des adultes. Pour elle, toute la Bible pointe vers Jésus-Christ
Natacha Horton

La Bible est-elle un mode d’emploi pour le quotidien?
Elle «sert» avant tout à notre relation avec Dieu. C’est le média privilégié qu’il choisit pour nous parler, conjointement avec la prière. Par ricochet, elle est un repère pour notre vie quotidienne. On y découvre la volonté de Dieu pour l’humanité entière, de grands repères éthiques, comme la valeur de la vie. Elle offre beaucoup de repères relationnels. Mais ce sont des repères qu’il faut savoir interprêter selon le contexte du texte d’une part et du lecteur, de l’autre.

Pourquoi a-t-on parfois de la difficulté à faire de la Bible un repère?
L’un des repères les plus importants, c’est l’amour enseigné par le Christ. Mais c’est un amour exigeant. Il y a une phrase célèbre qui dit: «Ce qui m’embête, ce n’est pas ce que je ne comprends pas dans la Bible, c’est ce que je comprends trop bien». Quand Dieu demande de pardonner, ce n’est pas difficile à saisir, mais à vivre!

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Tous les textes ont-ils valeur de repère?
Certaines lois de l’Ancien Testament sont désuètes. On n’applique plus la loi du talion («œil pour œil et dent pour dent») parce que Jésus nous enseigne d’aimer nos ennemis. Il s’agit souvent de lire ces «anciens» textes à la lumière de ce que le Christ dit et vit dans les Evangiles.
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On peut aussi se demander : comment Jésus s’est-il comporté face à de telles personnes ou dans cette situation, qu’aurait-il fait?

Que faire des textes difficiles sur les femmes dans l’Eglise ?
D’abord, il faut tenir compte du contexte des Eglises à qui l’apôtre Paul écrit puis se rappeler que Jésus était entouré de femmes.
Dans l’Evangile de Jean, il confie à la Samaritaine des choses profondes qu’il n’a pas dites au disciples. Il renverse la culture de son époque.

Quelle part le contexte joue-t-il dans notre lecture?
Il faut toujours essayer de lire un texte dans son contexte, comprendre ce que cela signifiait pour les gens auxquels il était adressé. On l’a dit, certaines dispositions sont contextuelles. Mais tous les textes bibliques sont en phase avec le plan général de Dieu, qui aime l’humanité et veut que tous soient sauvés!
Si on prend les textes de malédiction dans les livres des prophètes, hors contexte, on peut en tirer des applications monstrueuses! Dieu est sévère avec son peuple, parce que celui-ci s’est détourné de lui malgré de nombreux avertissements.
Avec le Christ, on passe à une autre dimension qui n’est pas encore complètement réalisée dans l’Ancien Testament. On peut tirer de ces textes de malédiction une vérité générale: le péché est grave, mais la «foudre» ne s’abattera pas sur moi si je me cache en Christ, car elle s’est déjà abattue sur lui.

Le «contexte» du lecteur lui-même joue également un rôle.
Oui, j’allais y venir. Notre lecture est tributaire de notre propre culture et donc, il faut être humble face à la Bible. L’exemple classique est celui du vin. Dans les pays latins, boire un verre ne pose aucun problème. Aux Etats-Unis, au nom des abus, l’abstinence est de rigueur et on interprète la Bible en ce sens: lorsque Paul suggère à Timothée de prendre un peu de vin pour son estomac, on comprend qu’il dit de frictionner son estomac.

On a tendance à prendre des textes pour soi-même. Par exemple, des bénédictions. Est-ce juste?
Oui, selon moi, on peut les transposer. Certains comportements amènent une bénédiction, c’est une vérité. Quand on lit un texte biblique avec la foi ou comme une prière, Dieu peut nous parler hors du contexte original. Dans la prière, des paroles prennent du relief. Dieu peut nous conduire ainsi, c’est ce qui fait que cette parole est vivante !
Même certains apôtres citaient l’Ancien Testament un peu hors contexte parce que cela servait leurs propos. Mais ils ne le faisaient pas de manière malhonnête. Paul, par exemple, a relu l’Ancien Testament à la lumière de Christ et de la résurrection.

Comment progresser dans notre discernement?
Nous pourrons mieux discerner ce que Dieu dit si nous sommes nous-mêmes «pétris de la Bible». C’est comme une langue ou une culture: en la pratiquant tous les jours, on apprend plus vite.
Une autre aide est de la lire en groupe. Dans le monde protestant en particulier, on est un peu un pape à soi tout seul. Il y a certes la liberté de conscience et la lumière que nous donne l’Esprit Saint, mais pour les éléments plus difficiles, c’est bon de demander à des personnes qui font autorité en la matière. C’est aussi faire preuve d’humilité et cela nous aide à sortir de notre subjectivité.

Natacha Horton

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-09 – Décembre – Février

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