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Le travail d’équipe aiguise l’amour du prochain

© Alliance Presse
«Nous avons besoin les uns des autres, nous ne pouvons pas nous isoler», déclarait récemment une personnalité politique. Mais alors pourquoi l’individualisme contredit-il cette idée que l’interdépendance dans l’amour vaut mieux que la solitude égoïste? Dans ce contexte, l’Eglise peut être un modèle qui rappelle les valeurs d’harmonie et de travail d’équipe. Cet article fait partie de notre dossier sur le travail d'équipe, dont les autres sont à lire aussi sur ce site.
Sylvie Faillétaz

L’homme ne peut pas vivre seul, vraiment?
Le poète Paul Valéry écrivait qu’« un homme seul est toujours en mauvaise compagnie ». Mais a-t-il vraiment raison? L’interdépendance a-t-elle des appuis bibliques? Pour trouver la réponse à cette question, nous devons connaître le fonctionnement de l’homme. Or, de même que le meilleur interprète d’un ouvrage est son auteur, le meilleur interprète du fonctionnement humain est son créateur: Dieu.
Dieu, après avoir créé les cieux, la terre, les astres et les animaux, s’est penché sur l’homme: « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gen. 1,26-27). Les pluriels « faisons » et « notre » montre que Dieu est pluriel: il est le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il y a dans cette parole du Dieu Créateur une volonté très spécifique qui consiste à imprimer dans la nature humaine quelque chose qui lui ressemble. Si donc dans l’essence même de Dieu nous voyons une interdépendance profonde et intime entre ces trois personnes de la Trinité, par conséquent les humains, créés à son image, ressentiront inévitablement ce besoin intense d’interdépendance avec leurs semblables et ce désir d’entretenir des liens étroits avec Dieu.

Une interdépendance caractérisée par l’amour
L’homme a donc été créé relationnel. Mais qu’est-ce qui doit caractériser ces relations? Une dimension supplémentaire de l’image de Dieu est inscrite dans le cœur des chrétiens: l’amour. L’amour de nature divine est donc posé comme un signe distinctif du croyant, appelé à porter l’image de Dieu.
« Je vous donne un commandement nouveau, aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». (Jn. 13,34-35). L’amour a une importance capitale comme arme de conquête du monde par les disciples du Christ. Lorsque Jésus donne ce commandement, il est en comité restreint avec ses disciples. Ce n’est pas un commandement donné à la foule. L’amour est donc la marque qui distingue les croyants des non-croyants, il concerne l’Eglise. Cela ne signifie pas que les incroyants seraient incapables d’aimer, mais Jésus a ici en vue un amour d’une nature différente, un amour qui n’est pas de ce monde. Et cet amour-là va changer radicalement le travail d’équipe.

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On ne choisit pas sa famille spirituelle…
Alors comment vivre l’amour divin? Jésus a simplement dit de l’observer, d’aimer comme lui a aimé. Jésus est notre modèle exclusif dans tout ce qu’il a dit et vécu, en particulier dans son « travail relationnel ». Quand nous devenons chrétiens, nous entrons dans la famille de Dieu et devenons automatiquement frères et sœurs les uns avec les autres. Avec le défi de s’aimer et de travailler ensemble dans la même direction.
Nos infidélités, nos désaccords et nos disputes n’annulent jamais cette réalité: nous sommes de la même famille, nous sommes membres du même corps.

…mais on choisit d’aimer!
Alors concrètement, comment collaborer dans l’amour? Nous courons toujours le danger de perdre l’amour de nos frères et sœurs. Car l’amour implique une dimension de choix, de fidélité et d’engagement. Jésus a passé beaucoup de temps avec ses disciples, non seulement pour les enseigner et pour faire d’eux des collaborateurs, mais aussi pour leur montrer cette dimension tellement importante de l’amour entre disciples. Un amour qui ne s’arrête pas aux sentiments, mais qui se transforme en action. Jésus a lavé les pieds, il a mangé avec eux et a même donné sa vie pour eux. En contrepartie, il a aussi eu besoin de l’amour et de l’amitié de ses disciples, par exemple quand il leur a demandé de prier, juste avant son arrestation. Et Jésus avait de la joie à manger avec ses disciples et à être avec des amis.

La collaboration, le stade «supérieur»
Les chrétiens sont appelés non seulement à s’aimer, mais aussi à collaborer. Et cette deuxième étape sera impossible si la première étape n’est pas atteinte. C’est la métaphore du corps et des membres, utilisée à plusieurs reprises par l’apôtre Paul. Chacun dépend des autres pour faire avancer l’ensemble du corps dans la bonne direction.
Là encore, l’Eglise doit donc être un modèle d’interdépendance, de travail d’équipe et de répartition des rôles. Elle est composée de membres d’une même famille, qui s’aiment comme Jésus les a aimés et qui vivent une collaboration sage et joyeuse. Si ceux qui nous entourent le voient, ils pourront dire: « Ceux-ci vivent un amour que je ne connais pas, un amour que j’aimerais découvrir ». Si nous obéissons au commandement de l’amour, nous changerons donc le monde. Ce n’est pas une option, cela fait partie de notre programme de chrétiens, de notre identité au Christ.

Sylvie Faillétaz

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