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L’humilité, la libérté d’être à notre juste place

© Alliance Presse
Valeur en perte de vitesse, voire même reléguée aux oubliettes, l’humilité est au cœur du message de l’Evangile. Avec des implications sur nos relations avec notre prochain et avec Dieu. Une manière de vivre la vie pour laquelle Dieu nous a créées

«L ’ humilité est le contrepoison de l’orgueil», a écrit Voltaire dans son Dictionnaire philosophique. L’humilité… Voilà une notion qui nous interpelle et nous met souvent mal à l’aise ! Elle sonne comme une note discordante dans le chorus des valeurs de la société ambiante. On nous a plutôt appris à nous battre, à mettre en avant nos capacités, à écarter et peut-être même à mépriser ceux qui sont plus faibles que nous…

Reconnaître ses limites et sa faiblesse
Pourtant, il est indéniable que l’humilité fait partie intégrante du caractère du Christ. Il l’a montré en venant au monde dans le dénuement le plus total et sous la forme d’un nourrisson. Il s’est aussi décrit comme «doux et humble de cœur» (Mt. 11,29) . Jésus nous exhorte à endosser ce trait de caractère et évoque même l’humilité en premier dans les Béatitudes : «Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux» (Mt. 5,3) . Pour Jean Chrysostome, un des Pères de l’Eglise grecque, il faut comprendre «les pauvres en esprit» comme «les humbles, ceux qui ont le cœur contrit». Les Pères de l’Eglise, véritables explorateurs de l’âme humaine, ont défini l’humilité comme une capacité à reconnaître ses limites, sa faiblesse et son impuissance.

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L’humilité regarde les autres comme supérieurs
Mais dans la vie de tous les jours, comment mettre en pratique cette humilité ? Comment en mesurer toute la portée ? Faut-il se faire tout petit, tomber dans une fausse modestie devant nos talents et qualités, refuser toute ambition ? C’est avant tout dans le cœur que commence l’humilité, qui se verra alors concrètement dans les relations au prochain et dans les relations à Dieu.
L’apôtre Paul a écrit : «Que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes» (Ph. 2,3). Par cette attitude de cœur, l’humble «ne supporte pas d’être valorisé en quoi que ce soit par rapport à autrui. Il s’abaisse volontairement, même s’il possède certaines qualités», souligne le théologien orthodoxe Jean-Claude Larchet.

Une invitation au service inconditionnel
L’humilité nous incite également à être «dévouées et soumises envers tous», conformément aux recommandations du Christ : «Si quelqu’un veut être le premier, il se fera le dernier de tous et le serviteur de tous» (Mc. 9,35) . C’est là que la théorie se transformera en actions. Dans les relations de travail, dans le couple, dans les tâches ménagères ingrates ou encore dans les petits services rendus à l’Eglise ou à des proches, l’humble trouvera sa joie à servir et fera taire ses éventuelles tentations de se plaindre ou ses élans naturels qui l’amèneraient à se servir d’abord lui-même.
L’humilité consiste aussi à «exclure toute réaction de colère, toute rancune et toute animosité face à celui qui nous a humilié», éclaire Jean-Claude Larchet. Notre humilité brillera au grand jour lorsque, face à des humiliations, nous resterons calmes et imperturbables.

L’humble s’efface devant la gloire de Dieu
Autre versant de l’humilité, l’attitude vis-à-vis de Dieu. Là, elle consiste d’abord à «se reconnaître pécheur», écrit Jean-Claude Larchet. L’humble est donc conscient que, dans son état de péché, tout ce qu’il a de bon et ce qu’il a fait de bien est attribuable à Dieu. C’est le principe «Soli Deo gloria» (A Dieu seul la gloire), cher aux Réformateurs. Pas toujours évident d’assimiler cette réalité, tant il est de bon ton, pour un être humain, de s’attribuer tous les mérites de ses réussites. Et souvent, en effet, nous ressentons une légitime fierté à certaines de nos actions. Pourtant, l’apôtre Paul écrivait que Dieu seul produit en nous le vouloir et le faire (Ph. 2,13).
Les Pères de l’Eglise ont mis en exergue que la prière nous aide à atteindre cet idéal d’humilité. C’est par elle que nous reconnaissons ne rien pouvoir accomplir sans Dieu et que nous lui demandons son aide pour briller dans ce monde. Et la prière de reconnaissance, elle, focalise nos regards sur Dieu et nous conduit à le remercier parce qu’il est la source unique de tout bien.

Rebecca Piaget

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-11 Décembre – Février


Etre humble, ça m’apporte quoi?

S’effacer devant Dieu, servir son prochain : voilà un idéal pas forcément… idéal. Qu’ai-je à gagner de faire cet effort d’humilité ? Dans son ouvrage Thérapeutique des maladies spirituelles (Ed. du Cerf), le théologien Jean-Claude Larchet montre que l’humilité est une vertu centrale de la vie chrétienne : «Elle est le fondement de tout l’édifice spirituel que l’homme a pour tâche d’édifier, le principe même de la vie spirituelle.»
L’auteur dresse un parallèle entre l’orgueil, principe de l’existence déchue, et l’humilité, principale source de guérison.
Il souligne : «Dans la mesure où l’orgueil apparaît comme la première cause de la chute, l’humilité peut apparaître comme la première cause du salut». Ainsi, elle permet à l’homme d’être purifié de ses péchés, comme le Christ l’a enseigné : «Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes» (Mt 11,29). De plus, «l’humilité apparaît comme la seule vertu qui permette de vaincre le diable dans le combat spirituel», écrit Jean-Claure Larchet. Car par elle, l’homme peut affronter victorieusement toutes les attaques de l’Ennemi.

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