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Joëlle Miquel: la fureur d’écrire

© Alliance Presse
Née en 1972, Joëlle Miquel connaît le succès au grand écran, en 1987, avec «Quatre aventures de Reinette et Mirabelle» d’Eric Rohmer dont elle est coscénariste. A seize ans, son roman «Les rosiers blancs» (Belfond) la propulse chez Pivot. Depuis, elle mène, de front, une double carrière d’actrice et d’auteur. Ses livres sont étudiés dans les collèges français. Un fabuleux destin pour celle que les médecins condamnaient
Céline Schmink

Privée d’école
«“Avec moi, tu ne souffriras plus”, a dit la petite sirène. “Avec toi, je n’aimerai plus”, a répondu Petite Fleur». Ces mots enfantins, ce sont ceux de Joëlle, une femme d’apparence fragile, aux airs de poupée dont les yeux clairs contrastent avec la noire chevelure.
A dix ans, elle contracte un streptocoque. C’est la paralysie. Les médecins la condamnent. Sa force de caractère et sa plume, elle les doit aux longues heures passées au lit, dans l’isolement de sa chambre d’enfant. Pour «forcer les gens à venir la voir», elle leur écrit des lettres, des contes et des nouvelles. L’écriture, spontanée, lui vient comme un don qu’elle perfectionnera au fil du temps.
«Ma mère était athée. Je n’avais pas le droit de parler de Dieu. Rien de religieux ne pénétrait dans la maison», explique Joëlle. «Je ne sais même pas comment je savais que Dieu existait», ajoute-t-elle. Lors de ses rares sorties, elle admire la nature. Pour la conserver intacte dans sa mémoire, elle transcrit sa beauté par des mots. Bientôt, une petite voix fait intrusion dans sa vie et la guide, lui décrivant des scènes et des dialogues entiers. «J’ai compris qu’elle accompagnait cette capacité d’émerveillement à la beauté que j’avais reçue enfant», précise-t-elle. Et Joëlle écrit encore et encore, pressée par la mort qui menace de l’emporter avant la fin de son histoire.

Fureur de vivre
A treize ans, elle est rétablie. Elle se «jette à la tête du monde». Mais celui-ci ne lui retourne pas l’accueil escompté. L’école, dont elle a tant rêvé, est une épreuve. Elle est différente des autres. Après six mois de lutte, elle devient bègue. Elle fait face en s’inscrivant au Cours Simon où elle s’épanouira sur les planches. «Sur scène, j’étais rassurée car je savais exactement ce qui allait se passer! Tout était déjà écrit», explique-t-elle. Rapidement repérée, elle fait ses premiers passages à la télé et intègre la Comédie-Française.
Depuis elle enchaîne les succès et s’investit pour l’enfance défavorisée au Secours Populaire. Celle qui, plus jeune, rêvait de prendre le voile, a compris que Dieu la voulait artiste. «Je n’écris pas pour remercier Dieu de ma guérison miraculeuse. J’écris pour vivre et parce que je me sens portée par les bras de Jésus et qu’il habite en mon cœur. Mon engagement pour lui est là: retranscrire la beauté de sa Création.»
Dans «L’enfant rire», son dernier livre, trois personnages racontent, chacun avec un regard différent, la même histoire. Clin d’œil aux Évangiles synoptiques, le sujet noir du roman dénonce la déshumanisation de l’autre, un thème cher à l’auteur, pour avoir conditionné son enfance. «Si l’on fait de l’autre un objet, il devient facile de le casser. Mais si l’on arrive à voir en chaque être malade ou diminué quelqu’un comme nous, faire le mal devient impossible et Dieu emporte le combat», conclut l’écrivain.
Céline Schmink

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