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Helen Berhane: victorieuse par la foi

© Alliance Presse
Elle a été détenue durant trente mois, la plupart du temps dans un conteneur métallique d’une prison militaire d’Erythrée. Le crime commis par Helen Berhane, âgée de trente-quatre ans, est d’avoir parlé de sa foi autour d’elle. Rencontre avec cette une radicale, libérée grâce notamment à la pression internationale, aujourd’hui réfugiée en Occident

A quoi ressemblait une journée normale durant le temps de votre emprisonnement ?
Tout n’était que souffrance. Nous n’avions pas assez de place, pas assez de nourriture. Nous étions enfermés avec des cas psychiatriques. Les gardiens nous battaient quand nous chantions, quand nous parlions de notre foi ou même sans raison.

–CREDIT–

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Si vous avez pu sortir de prison, c’est en raison de la gravité des blessures qui vous ont été infligées. En automne 2006, vous ne pouviez plus marcher. Quelles séquelles avez-vous gardées ?
Souvent, les prisonniers rencontrent des problèmes psychologiques à leur libération. A mon arrivée au Danemark, on m’a prescrit un suivi psychologique. Mais je lis la Bible constamment et elle me guérit. Je dors bien. Et si j’ai un petit passage à vide, c’est en priant et en chantant que je retrouve l’énergie.
Sur le plan physique, il y a deux ans, j’étais encore en chaise roulante. L’an dernier, je me déplaçais avec des cannes et à présent, je marche normalement. Les genoux demeurent ma plus grande faiblesse.

Avez-vous pensé, à un moment donné, que Dieu vous avait abandonnée ?
Jamais. Dans la Bible, Dieu nous dit qu’il ne nous abandonnera pas. Et personne n’a été abandonné dans les récits bibliques. Parfois, lorsque les gardiens de prison me frappaient, je réalisais l’honneur d’être battue pour mon Dieu.

Dans votre livre (à paraître en français), vous avouez vous être demandée si votre foi valait cette persécution. Pourquoi y avoir répondu par l’affirmative ?
Parce que Jésus a souffert bien plus. Il est mort pour nous. Il n’avait rien fait pour le mériter.

Et lorsqu’on vous demandait de renier votre foi contre la liberté, n’était-ce pas tentant ?
Chaque fois que mes gardiens me posaient cette question, cela renforçait ma foi.

Qu’avez-vous appris sur Dieu durant votre détention ?
Lorsque vous tombez dans le coma après avoir été battue et que vous vous en relevez sans soins médicaux appropriés, vous prenez conscience que Dieu est celui qui a autorité sur la vie et non l’ennemi qui tente de vous détruire. Ma foi et mon courage, mon audace ont grandi.

En prison, vous n’avez cessé de partager votre foi, en chantant, en priant avec les autres prisonniers ou en leur enseignant la Bible. Etaient-ils réceptifs ?
Les prisonniers étaient encouragés. Une bonne partie est devenue chrétienne. Même chose parmi les gardiens de cette prison militaire.

Une femme s’est montrée solidaire avec vous. Elle s’est dénoncée à votre place et vous a portée quand vous ne pouviez plus vous déplacer. Savez-vous ce qu’elle est devenue ?
Elle est toujours enfermée, malheureusement. Dans les pires conditions, puisqu’elle est dans une prison souterraine, sans accès à la lumière. Ses yeux sont blessés et elle perd actuellement sa peau. Mais il semble qu’elle garde le moral.

Saviez-vous, lorsque vous étiez en prison, que des chrétiens du monde entier étaient au courant de votre situation et priaient pour vous ?
Des fois, nous étions dehors pendant trois jours et trois nuits, menottés, exposés au froid de la nuit et au soleil brûlant du jour. Et je disais à mes compagnons qu’il y avait des gens qui priaient pour nous. Je ne peux pas vous dire pourquoi, mais je le ressentais au-dedans de moi.

Vous donnez des conférences et parlez de votre cheminement. Comment les gens réagissent-ils en vous voyant ?
J’ai reçu plusieurs milliers de cartes postales d’encouragement, lorsque j’étais en chaise roulante. Ces conférences, c’est un peu ma façon de les remercier. Je suis très heureuse de rencontrer les gens qui ont prié pour moi.

Qu’aimeriez-vous que les croyants retiennent de votre histoire ?
Il faut être prêt à payer le prix pour Jésus. J’aimerais que tous les chrétiens soient prêts à témoigner de leur espérance, quitte à en payer le prix. Le but de Dieu est de nous donner la vie éternelle. De nombreuses personnes n’ont pas l’assurance de la vie éternelle. Par notre souffrance, d’autres peuvent voir la lumière et venir à la foi.

Est-il plus facile d’annoncer l’Evangile en Erythrée ou en Europe ?
Au Danemark bien sûr, en raison de la liberté d’expression (haussement d’épaules). Mais le témoignage rencontre beaucoup plus d’indifférence.

Comment supportez-vous la persécution qui se poursuit dans votre pays ?
Lorsque je vois des chrétiens souffrir ou être handicapés suite à la torture, je pleure et je prie. La révolution politique n’est pas une solution. Je suis confiante et je crois que la situation va changer. Les Israélites ont vu de nombreux miracles dans le désert comme les Erythréens dans la souffrance. Un jour, je crois qu’ils seront libres.

Face à vos persécuteurs, quel sentiment gardez-vous ?
Lorsqu’ils me battaient, les gardiens le faisaient à visage découvert. Et parfois, lorsqu’ils me détachaient après m’avoir battu, ils me demandaient si je voulais les tuer. J’ai répété inlassablement que je n’avais pas de haine contre eux. Ils le savaient. Ça n’a pas changé.

Vous vous êtes mariée le 10 juillet dernier. Pour votre voyage de noces, vous avez convaincu votre mari, Erythréen lui aussi, d’aller visiter les camps de réfugiés érythréens en Ethiopie. Drôle d’idée, non ?
J’avais entendu parler de ces camps. Je voulais les voir de mes propres yeux. J’ai vu la désolation et le désespoir les plus profonds. Ces populations n’ont pas assez de nourriture, les enfants ne sont pas scolarisés. Les réfugiés consomment des drogues, deviennent agressifs. Je me suis engagée à faire connaître leur sort et leur apporter de
l’aide.

propos recueillis par Christian Willi

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-10 – Décembre-Février


Portrait express

Votre verset préféré ?
«Je ne demande qu’une chose au Seigneur, mais je la désire vraiment : c’est de rester toute ma vie chez lui, pour jouir de son amitié et guetter sa réponse dans son temple. Alors, quand tout ira mal, il pourra m’abriter sous son toit, il me cachera dans sa maison, il me mettra sur un roc, hors d’atteinte» (Ps. 27,4-5).

La scène biblique à laquelle vous auriez aimé assister ?
L’histoire d’Abraham. Son histoire commence par un appel de Dieu. La foi de cette homme m’impressionne.

Votre plus grande tentation ?
Je vis pour Dieu et je donne tout mon temps pour partager l’Evangile. Mais mes moyens de réfugiée politique sont trop limités. Parfois, je me dis qu’un emploi pourrait me permettre de mieux vivre.

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