Skip to content

En finir avec la comparaison

© Alliance Presse
Qu’y a-t-il de plus humain que de se comparer? On a beau entendre partout que chaque personne est différente, avec ses caractéristiques bien à elle. La tendance ou la tentation reste. Mais on peut en être libérée, la comparaison étant un symptôme. SpirituElles s’est penché sur cette problématique

Zoé, jeune mariée, a tendance à se comparer à sa belle-mère, qui concilie avec brio sa vie de femme et son engagement chrétien. Lorsqu’elle est paumée dans l’éducation de ses enfants, Sophie se penche sur la vie de couples amis: eux au moins, ils savent garder un calme olympien en toute circonstance! Rachel, pour sa part, compare son physique à celui de ses collègues. Pas facile d’être satisfaite lorsqu’on se laisse aller à la comparaison!

Construire son identité
Selon Claire Doerig, thérapeute au centre Horizon9 de Genève, cette tendance à se comparer est liée à la recherche de son identité. Le petit enfant se pose déjà la question de son identité de manière implicite. Ce sont ses proches qui lui renvoient l’image de qui il est. Comme sur de la neige fraîche, des traces sont laissées. Plus les paroles sont répétées, plus les traces seront profondes.

Publicité

Plus tard, la question se renforce encore mais l’adolescent va se tourner vers ses pairs pour trouver la réponse. «Je me comparais beaucoup à l’adolescence: aux copines plus cool, plus femmes et qui avaient l’air mille fois mieux dans leur peau que moi», se souvient Sophie. Aujourd’hui, les choses ont évolué: «J’ai fait ma propre route et je me dis que ma vie me va bien.»

Mais certaines personnes mettent du temps à «se trouver»: «Si cette question n’est pas résolue, on essaie de se définir en se comparant aux autres. Une partie des gens vont le faire toute leur vie», analyse la thérapeute.

Se voir juste: un art difficile
Claire Doerig met aussi en cause la société: «En mettant des normes en place, en les valorisant, elle accentue encore notre penchant à la comparaison. En fait, elle nous dicte comment être accepté et aimé». Mais en n’osant pas être soi-même, on se perd et on devient esclave des autres, observe la thérapeute. Et de citer cette recommandation de l’apôtre Paul: «Vous avez été rachetés à un grand prix. Ne devenez pas esclaves des gens!»

Le pasteur Dany Hameau, dans son ouvrage L’image de soi (Ed. Farel), appelle à développer une vision juste et adéquate de sa propre personne. «Sans orgueil ni fausse humilité», commente l’auteur. «C’est un art qui demande beaucoup d’équilibre, de sagesse et de maîtrise de soi. Tout cela ne s’improvise pas, ni ne s’acquiert en un claquement de doigts.»

Comparaison n’est pas raison
Une des caractéristiques de la comparaison, c’est ses conclusions hiérarchiques. On s’estimera soit «moins», soit «plus» que l’autre, mais rarement au même niveau. «Si je me trouve moins bien, je vais me déprécier, me dévaloriser. Et si je me trouve mieux, je suis dans la surestimation», détaille Claire Doerig. C’est l’expérience que relate un internaute sur un forum de psychologie: «Depuis toujours, je me compare beaucoup aux autres. Je les observe et je me sers de leurs qualités et de ce qu’ils ont de mieux que moi pour me rabaisser. J’ai l’impression que ma vie est un échec. J’aimerais avoir plus d’amis, plus de talent, un travail qui me plaît plus». La dépréciation conduit au mépris de soi et au découragement.

A l’inverse, dans la surestimation, on ne reconnaît pas ses limites. Par exemple, en voulant réussir mieux que les autres sa vie professionnelle, de couple, de mère, on se met une pression qui peut mener à l’épuisement. L’autre piège de la surestimation, c’est l’orgueil. Les personnes imbues d’elles-mêmes compareront leurs points forts aux points faibles des autres alors que les personnes ayant une mauvaise estime d’elles-mêmes compareront leurs points faibles aux points forts des autres.

Dans tous les cas, la comparaison échoue à résoudre le problème fondamental, celui de l’acceptation de soi. Elle mène directement à des sentiments toxiques comme la jalousie, l’envie ou la convoitise.

Par ailleurs, si nous étions comme les autres, qu’aurions-nous à offrir au monde? «Au lieu de vous comparer aux autres, ce qui provoquera tôt ou tard un pépin, concourez au bien commun avec le potentiel que Dieu vous a donné. Travaillez inflexiblement à vous améliorer», exhorte Tommy Newberry, auteur d’un livre sur la joie, Le Principe Philippiens 4.8 (Ed. Vida). En résumé, comparons-nous à nous-mêmes!

En sortir
Comment sortir de la comparaison? La première étape, explique Claire Doerig, consiste à sortir du jugement sur soi. Se voir à travers les yeux de Dieu, c’est peut-être bien là la clé pour en finir avec la comparaison: «Les autres ne détiennent pas toute la vérité sur nous car ils ne voient que certaines de nos facettes. Dieu, lui, voit l’entier et surtout, le potentiel. L’image qu’il a de moi n’est pas déformée: elle n’est ni idéalisée, ni dévalorisée. Si j’apprends à me connaître de cette manière, cela amène un changement en moi», explique Claire Doerig. La thérapeute rappelle que de nombreux textes bibliques attestent de la valeur de chaque être humain. «De la même manière qu’il n’existe pas deux flocons de neige identiques», confirme Dany Hameau, «chaque individu est unique en son genre et irremplaçable: j’ai ma place sur cette terre et je ne suis nullement interchangeable.»

Ce travail spirituel peut se doubler d’un travail psychologique, consistant à remettre en question l’image de soi que l’on s’est forgée depuis l’enfance. Quelle est la part de vérité? Qu’est-ce qui est faux? «Cela demande une analyse du style d’éducation reçue et des valeurs transmises par son entourage. Si je comprends mieux comment je suis arrivé à croire que je suis “plus” ou “moins” que l’autre, je peux remettre cette croyance en question», explique la thérapeute. Un regard extérieur bienveillant, celui d’un vis-à-vis de confiance, peut aider à découvrir et à corriger cette image faussée.

Sandrine Roulet

A découvrir dans la version magazine:

  • Ils avaient de quoi se comparer

  • Test perso: Ai-je tendance à me comparer?

  • Vivre à côté de gens doués



Thèmes liés:

Publicité