Dossier: Les femmes ont marqué l’histoire de la Bible
Qu’est-ce qui vous a motivée à étudier les femmes de la Bible?
Je me sens tellement proche de leur histoire, de leur vie! Et puis je voulais découvrir le regard de Dieu sur les femmes en général. Etudier les femmes de la Bible est l’occasion de voir comment Dieu les a traitées, comment il est intervenu dans leur situation et quel rôle elles ont joué tout au long de l’histoire biblique.
Elles ont toutes, à leur manière, joué un rôle important. Mais lesquelles vous inspirent plus particulièrement?
Certainement celles qui ont rencontré Jésus. Comme la jeune Marie qui a accepté une mission si particulière en mettant au monde le Fils de Dieu. Ou comme cette petite veuve dont on ne connaît même pas le nom, qui a mis deux pièces dans le tronc du Temple sans considérer que c’était trop peu. Ou encore comme cette femme qui a versé un parfum de grand prix aux pieds de Jésus, sans considérer que c’était trop.
Marthe et Marie me donnent envie d’avoir une si belle proximité avec Jésus, une liberté d’échanges. Elles ont compris bien avant les autres qui il était; et pourtant, elles vivent avec leur ami une épreuve terrible, la mort de Lazare, qui se transforme en une victoire éclatante, prémices d’une plus grande victoire: la résurrection.
Publicité
Comment qualifieriez-vous l’attitude de Jésus envers ces femmes?
Jésus a été plein de douceur, d’attention, d’écoute. Il les a considérées comme des sujets à part entière, il a pris le temps de leur parler (on le voit avec la Samaritaine), de les relever et de réparer les injustices qu’elles subissaient de la part des hommes. Ces femmes ont retrouvé leur dignité, elles ont été restaurées dans leur identité: je pense à celle qui perdait son sang ou à la femme adultère.
J’aime particulièrement la réflexion de Gilbert Bilézikian dans Homme et femme vers une nouvelle relation (éd. Grâce et vérité): «Jésus manifeste une sollicitude toute particulière envers les femmes, comme s’il voulait réparer, par une manifestation particulière de l’amour divin, le tort qui leur a été fait au cours d’une longue histoire d’humiliation.»
En quoi nous, femmes du 21e siècle, ressemblons-nous aux femmes de la Bible?
Les femmes de la Bible sont avant tout des personnes avec une vie ordinaire: des épouses, des mères qui doivent élever des enfants, d’autres qui n’arrivent pas à en avoir, des femmes malades, accusées, blessées par la vie. Leurs situations ne sont pas très différentes des nôtres. Ces femmes agissent avec leur cœur, avec les moyens qu’elles ont, petits ou grands.
Que pouvons-nous apprendre d’elles?
Leur passion, leur combativité: elles ne baissent pas les bras, elles ne pleurent pas sur leur sort en restant résignées. Elles osent exprimer leur foi, leur amour et en même temps leurs doutes, leurs faiblesses. Elles ne se cachent pas derrière une image à sauver, elles osent se présenter devant Dieu et les hommes telles qu’elles sont.
Quel rôle ont joué les femmes au sein des premières Eglises?
On les retrouve à différents niveaux. Elles sont parmi les disciples réunis à Jérusalem après l’ascension de Jésus au Ciel (Act. 1,14). Après le Pentecôte, leur nombre s’accroît (Act. 5,14), leur engagement dans la nouvelle communauté devient manifeste et elles subissent la persécution comme les hommes (Act. 8,3). La conversion de femmes influentes a joué un grand rôle dans l’expansion de l’Evangile: leurs maisons ont accueilli les premières communautés (Act. 16,13-15), et Paul en nomme certaines compagnons d’œuvre et collaboratrices des apôtres (Rom. 16,7). On les trouve également au rang de prophétesses (Act. 21,8-9) et même d’enseignantes, comme Priscille qui a participé à la formation théologique d’Apollos (Act. 18,26).
La reine Esther a été placée par Dieu à un poste stratégique afin de sauver son peuple. Comment pouvons-nous être les «Esther» de notre époque?
Quand nous lisons l’histoire d’Esther, nous nous trouvons face à une femme qui semble subir beaucoup de choses dans sa vie: sa situation de déportée, le choix du roi, le rituel du palais, etc. Bien qu’ayant une très petite marge de manœuvre, elle accepte d’agir, de devenir une actrice.
Sensible au malheur qui menace son peuple, elle se met à prier. Voilà une action sans grand éclat, mais si efficace! Puis elle fait la seule chose qu’elle peut faire: elle parle au roi. Et le résultat est le salut de tout un peuple, dont on parle encore aujourd’hui! Je crois que c’est en suivant cet exemple de non-résignation, de courage et d’action que nous pouvons être les «Esther» dont notre époque a besoin pour changer les événements. A chacune de croire que Dieu veut l’utiliser comme un instrument de choix entre ses mains, quelle que soit sa situation et les temps qu’elle traverse.
Propos recueillis par Sandrine Roulet
