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Ce que m’apporte l’église

© Alliance Presse
Le dossier du trimestre
Christian Willi

« Elle nous a soutenu quand il le fallait »
A vingt-quatre ans, Elodie est familière de l’Eglise. Née dans une famille chrétienne, habituée des cultes et de l’école du dimanche, c’est l’épreuve de la maladie qui va affermir le rôle capital de son Eglise dans sa vie spirituelle. «Avant que mon fiancé ne reçoive une greffe de rein, il suivait des dialyses et sa famille aussi bien que l’Eglise m’ont encouragée à tenir ferme dans ces temps difficiles», témoigne-t-elle. Aujourd’hui, son couple s’investit dans une Eglise baptiste auprès des ados. «J’ai traversé mon adolescence un peu éloignée de Dieu. Je n’étais pas heureuse et les échanges avec d’autres jeunes, lors d’un camp, ont soutenu ma foi. On tient donc à leur proposer des rencontres en dehors du dimanche. C’est important pour s’encourager». Aujourd’hui, pour élargir la communion fraternelle, elle aspire à ce que chacun s’investissent. «On n’a pas à avoir honte, ni à être timide, pour proposer nos talents. Cela doit se vivre dans un sentiment de liberté.»
Elodie, 24 ans, employée dans une entreprise de communication, Bordeaux

Un soutien à la foi
«L’Eglise me donne des repères pour trouver le bonheur dans ma vie et le transmettre aux autres. Elle me propose des chemins pour progresser à mon rythme et en toute liberté et pour essayer de mettre mes pas dans ceux de Jésus», confie Valérie. L’Eglise tient une grande place dans sa vie. Il faut dire qu’elle y a rencontré son mari, qui y tient l’orgue. Les conjoints font partie d’un mouvement catholique de spiritualité conjugale qui leur permet de rendre leur foi plus vivante et plus présente dans la vie de tous les jours. Grâce à ce mouvement et en particulier aux enseignements qui y sont dispensés, la messe dominicale est devenue pour Valérie et son mari un rendez-vous important. «Dieu m’invite et m’attend ; je peux y déposer tous les soucis de la semaine et repartir avec une force renouvelée par l’eucharistie et la prière. C’est aussi un moment de communion avec les fidèles de la région et plus largement avec tous les croyants du monde», explique la trentenaire qui s’occupe de l’éveil à la foi dans sa paroisse.
Valérie envisage aussi sa participation sous l’angle du témoignage : pour ses enfants, pour les fidèles plus âgés qui ont besoin d’encouragement et pour son entourage qui a besoin de voir «que Quelqu’un de plus grand que nous existe».
Valérie, 35 ans, educatrice de la petite enfance, Haute-Savoie, 35 ans

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Ce qui me fait grandir
Lors d’une conversation entre femmes actives sur les activités et le peu de temps libre, Ingrid a été surprise par cette phrase : «Te rends-tu compte de tout le temps que nous aurions si nous n’avions pas l’Eglise ?». Elle a répondu qu’elle n’y avait jamais pensé car l’Eglise fait partie intégrante de sa vie : «Mon Eglise me fait grandir spirituellement. J’ai besoin d’elle pour me perfectionner, m’équiper, me nourrir, m’épanouir, construire ma foi ; elle est indispensable à ma croissance !», complète-t-elle. Les cultes, études bibliques et réunions de prière lui permettent également de vivre une communion fraternelle, en échangeant un sourire, un petit mot d’encouragement, une pensée. Toutefois, elle ne veut pas rester «consommatrice» ou «spectatrice : «Nous avons toutes des dons, des capacités, du potentiel, à nous de les mettre au service de notre Eglise», affirme la trentenaire belge. Dans sa communauté, elle est impliquée dans le groupe de louange, tient la librairie et participe à l’encadrement des jeunes aux côtés de son mari. Récemment, le pasteur lui a également confié la responsabilité du «département femmes», un service qui lui tient particulièrement à cœur.
ingrid, 39 ans, Enquêtrice d’étude de marché, Bruxelles

Violaine Breurec et Sandrine Roulet

La suite de notre dossier:
  • L’Eglise, imparfaite mais nécessaire

  • La communauté, un lieu naturel pour la foi

–CREDIT–

L’Eglise, imparfaite mais nécessaire

Qu’est-ce que l’Eglise ?
L’Eglise est d’abord une «famille», exprime Dania, pentecôtiste. Comme de nombreux chrétiens, elle apprécie les relations et les partages qui l’encouragent dans sa foi. La Bible explique que l’Eglise représente «Le corps du Christ», composé de ceux qui l’ont accepté comme maître. Laurence, qui fréquente une «assemblée de frères», évoque «un ensemble de personnes qui forment une unité parce qu’elles sont premièrement rattachées à Christ». Pour Yannick, baptiste, il s’agit de «l’ensemble des personnes qui croient en la toute-puissance de l’amour».

L’encouragement au centre
Maryse est membre d’une Eglise pentecôtiste. Pour elle, l’encouragement est capital. «L’Eglise permet d’être à l’écoute de l’autre, d’aider les plus tièdes à devenir fervents, de prier les uns pour les autres et finalement, d’apprendre à aimer comme Jésus nous a aimés», confie-t-elle. «L’Eglise locale est comme l’écorce d’un arbre», compare le pasteur Gérard Bachke, enseignant à l’Institut biblique et théologique d’Orvin. «C’est une protection et si elle disparaît, l’arbre meurt». Le groupe constitué protège et aide chacun à pratiquer de bonnes œuvres. «L’Eglise est aussi comme une coque de noix, qui permet au fruit de se développer. Ainsi, ses fonctions sont multiples : adorer, construire la foi, enseigner, guérir et annoncer l’Evangile.»

Besoin les uns des autres
Pourtant, certains chrétiens préfèrent s’isoler et ne pas fréquenter d’assemblée locale. «Je n’ai besoin de personne pour vivre ma foi», entend-on parfois, invoquant un trop-plein de blessures subies au contact d’autres fidèles. Il est effectivement visible que la vie d’une assemblée n’est pas exempte de problèmes. «Dans plusieurs Eglises, j’ai constaté que la foi glissait parfois vers la religion puis la politique ; certaines personnes veulent imposer leurs idées», déplore Laurence. Pour Jean-Michel, membre également d’une assemblée de frères, «il est plus important d’être fidèle au Seigneur qu’au groupe». Il précise néanmoins que «les deux sont parfois liés».
«Nous sommes liés les uns aux autres par l’amour fraternel», témoigne Maryse. «Tout comme j’ai une résidence principale, j’ai également une Eglise principale», poursuit Dania. Olivier précise que de toute manière, aucune Eglise n’est parfaite. «Les seules raisons qui nous font parfois murmurer sont inhérentes à notre nature humaine». Mais «nous sommes des pierres vivantes pour construire l’édifice et une pierre non taillée est inutilisable. L’Eglise constitue le cadre dans lequel la pierre va être façonnée», conclut-il.

Violaine Breurec

La communauté, un lieu naturel pour la foi
Interview avec le pasteur et théologien baptiste Louis Schweitzer

Pourquoi, en tout temps, les religions se sont-elles organisées en communautés ?
Pour de multiples raisons et il faudrait certainement distinguer entre des religions très diverses. Mais disons que dans toute religion, il y a une grande part de transmission. Il est donc normal que des communautés se soient formées pour recevoir, partager et appliquer les enseignements reçus.
Cela dit, certaines religions sont avant tout à visée «sociale» ; elles facilitent la cohésion du groupe et sont donc essentiellement communautaires. D’autres, comme le christianisme, ont une forte dimension personnelle et intérieure. Mais cela n’enlève rien à l’importance de la dimension communautaire.

On ne cesse d’entendre que la spiritualité est une question privée, personnelle. Quels sont les principaux apports de la vie communautaire ?
Dire que la spiritualité n’est qu’une affaire privée est très moderne. Cela permet à la fois de faire son propre mélange et d’empêcher les religions de prendre trop de place dans la société. Mais la dimension communautaire ou ecclésiale est importante pour plusieurs raisons.
La première, c’est que la foi chrétienne ne repose pas sur un bricolage personnel, mais sur une révélation. Il y a transmission d’un message et création d’un peuple nouveau. Les croyants sont appelés en tant que personnes – et la communauté ne supprimera pas cette dimension – pour former un corps vivant. Les dons individuels sont accordés par Dieu pour le bien de tous. On a donc besoin les uns des autres pour grandir et approfondir sa foi. Les dimensions personnelles et communautaires sont indissociables.
Une autre raison, très importante, tient au fait que la spiritualité ne concerne pas seulement la relation avec Dieu. La relation avec les autres est aussi très importante. L’Eglise est le lieu de l’apprentissage, celui où un nouveau mode de relations interpersonnelles est possible et déjà partiellement vécu.
Enfin, l’Eglise est – ou elle devrait être – un témoignage visible, dans la société, d’une autre manière de vivre, une sorte de poteau indicateur de ce que pourra être le Royaume de Dieu.
Comment choisir une Eglise parmi toutes celles qui ont pignon sur rue ?
Il y a certainement plusieurs critères.
Celui de la conviction, bien sûr. On peut choisir une Eglise parce que l’on est d’accord avec certaines de ses affirmations principales qui peuvent la distinguer d’autres communautés, parce que l’on apprécie son ouverture œcuménique ou au contraire sa fermeté.
Mais bien des Eglises de convictions semblables semblent aujourd’hui vouloir s’adresser à un public particulier. Certaines mettront en avant la dimension relationnelle ou intellectuelle ou au contraire plus affective et émotionnelle. Parmi plusieurs Eglises, on se «sentira mieux» dans certaines que dans d’autres. Elles correspondront mieux à son profil. Il faut s’y faire : l’époque de la paroisse et de l’Eglise de quartier est souvent révolue, au moins dans les assez grandes villes. Cependant, la proximité est importante pour permettre une participation plus fréquente que le seul dimanche matin.
Ces critères se combinent souvent et d’autres encore interviennent. Il est clair qu’aujourd’hui, il est important de se sentir à l’aise avec les orientations générales et l’ambiance de son Eglise. Mais rappelons que l’Eglise parfaite n’existe pas et que l’on a autant à apporter qu’à recevoir dans son Eglise.

Peut-on, a contrario, vivre sa foi seul ? Avec quelles conséquences ?
Bien sûr, c’est possible. Certains n’ont d’ailleurs pas le choix. Mais le besoin de retrouver d’autres chrétiens pour partager la foi se fera vite sentir. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens se considèrent comme des frères et des sœurs.
Une foi qui n’est pas renouvelée par l’apport des autres, enrichie par les témoignages et les enseignements, parfois même remise en cause, se condamne à vivre au ralenti et risque fort d’aller en s’amenuisant et de devenir une simple affirmation sans grande portée. La communauté est un lieu naturel pour la foi. Elle n’est pas le lieu où elle doit se vivre, car c’est dans la société qu’on est appelé à être chrétien, mais elle est la pompe à essence où la foi se renouvelle et reprend des forces.

Christian Willi

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-10 – Décembre-Février


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