Après le Slow Food, le Slow Faith, pour vivre sa foi au jour le jour
L’humanité fonce vers l’abîme, le pied sur l’accélérateur », a déclaré Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies. «Noyés dans le tourbillon du temps fou, soumis à des délais professionnels intenables et à une multitude d’obligations – que nous nous fixons souvent nous-mêmes – nous perdons de vue l’essentiel», constate Pascale d’Erm, journaliste, réalisatrice et auteur du livre Vivre plus lentement. L’essentiel? Prendre le temps de vivre et de se ressourcer, « se réapproprier notre temps intime, celui des pensées, des projets, des pauses et des cheminements à petits pas. »
Ralentir, un mode de vie
Prenant le contrepied d’une société où la performance est érigée en valeur absolue, un mouvement basé sur le ralentissement s’est développé depuis une vingtaine d’années. Plus connu sous le nom de Slow Movement, il a pour but d’aborder la vie d’une manière différente et se décline à l’infini: le Slow Food s’est positionné contre la malbouffe en prônant une alimentation basée sur des produits de qualité, respectueuse des ressources naturelles. Le Slow Tourism invite à prendre son temps pour voyager, alors que le Slow Parenting vise à ne pas surcharger son enfant par des activités parascolaires.
Publicité
La lenteur, synonyme de paresse?
Mais vivre de façon plus posée, ne serait-ce pas une excuse pour ne rien faire? Bien au contraire, assure Pascale d’Erm : « Ralentir, ce n’est ni s’ennuyer, ni paresser. C’est se poser pour réfléchir, choisir, agir selon ses convictions, maîtriser son temps pour apprendre à “ changer de vitesse ” selon nos différentes activités ». Loin de la paresse, une vie posée prend les choses en main. Il faut de la volonté pour freiner une existence que l’on mène à cent à l’heure. « Paradoxalement, il est plus facile de continuer à dévaler le cours de sa vie comme une succession de tâches à accomplir que de décider de vivre à contre-courant », déplore-t-elle.
Par ailleurs, selon la coach et formatrice d’adultes Madeleine Bähler, l’activisme est un moyen bien commode pour éviter de se retrouver face à soi-même et à ses angoisses : « Ce sont nos peurs qui nous empêchent bien souvent de ralentir et de nous poser. »
Ralentir dans notre vie spirituelle
Et si nous freinions un grand coup dans notre vie spirituelle ? Dans un message posté sur internet, le pasteur Philippe Auzenet suggère d’appliquer le concept du ralentissement à notre vie avec Dieu en nous appuyant sur les enseignements du Christ.
« Ne vous inquiétez pas du lendemain, car le lendemain s’inquiètera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine » (Mat. 6,34): citant ces paroles, le pasteur souligne que Dieu nous appelle à vivre au présent et à ralentir notre trajectoire de vie « en nous appuyant sur la paix intérieure qu’il nous donne et sur le fait qu’il pourvoit lui-même à tous nos besoins. »
Privilégier l’« être »
En vivant plus au présent, notre vie ne se résume pas à une série d’activités s’enchaînant les unes aux autres, mais nous nous octroyons des moments où nous pouvons tout simplement « être » plutôt que « faire ». « Pour cela, nous devons être capables de nous arrêter, de faire silence »,préconise Philippe Auzenet. Il faut « perdre un peu de notre temps… pour le gagner », conclut-il.
Rebecca Piaget
Article tiré du numéro SpirituElles 3-11 Septembre – Novembre
Trois pistes pour prendre du temps dans sa vie spirituelle: par Madeleine Bähler
1. La prière
La prière est un temps pour se poser et se reposer dans la présence de Dieu, pas une activité de plus à caser dans un agenda rempli. Rendez-vous disponible pour Dieu et laissez de côté toutes les autres occupations. Pour cela, un temps de mouvement physique avant d’entrer dans la prière peut être très bénéfique. Exprimez à Dieu comment vous vous sentez, dites ce qui vous habite, sans tout de suite attendre quelque chose de sa part. Et partagez votre désir d’apprendre à connaître Jésus et à le rencontrer en profondeur.
2. La retraite spirituelle
Prenez quelques heures, une journée, un week-end ou une semaine de retraite spirituelle, sans répondre au téléphone et sans consulter vos emails, simplement avec l’objectif de partager du temps avec Dieu. Lorsque les inquiétudes surgissent, partagez-les avec lui pour trouver une confiance renouvelée. Car consacrer du temps à Dieu, c’est le laisser agir et faire confiance qu’il est à l’œuvre même pendant que je ne fais rien.
3. La méditation
«Ruminez» un texte biblique: souvent la portée du message d’un texte biblique n’est pas évidente et ne nous rejoint pas dans notre réalité personnelle lorsqu’on se limite à le lire une ou deux fois. Alors, pourquoi ne pas prendre un passage pas trop long que vous pouvez lire à plusieurs reprises à haute voix? Ensuite, méditez-le en laissant résonner certains mots qui vous touchent. Reprenez le même texte pendant plusieurs jours pour accueillir le message en profondeur. On peut aussi allier randonnée et méditation!
