Skip to content

Alison Arngrim: confessions d’une peste reconvertie

© Alliance Presse
Dans la série «La petite maison dans la prairie», elle incarnait Nellie Oleson, la peste de Walnut Grove. Connue pour les colères légendaires de son personnage, Alison est devenue le symbole de la «garce» par excellence. Pourtant, elle se bat au Congrès Américain en faveur de l’enfance. Une force de caractère forgée dans la Petite Maison
Céline Schmink

Alison, en France depuis un an avec votre spectacle «Confessions d’une garce de la prairie», vous vous frottez aux petits villages. C’est une leçon d’humilité que vous donnez?
Oui. J’aime les gens. Je peux vous assurer que dans le monde du spectacle, ils sont nombreux à ne pas aimer leur public! Je vais dans les villages pour remercier ceux qui ont aimé ou plutôt détesté Nellie! Je suis une anti-star. Certains me disent: «Je vous connais depuis que vous avez 10 ans!». Ils se bousculent. Les mamans disent à leur fille: «Vite, demande une photo à Nellie!». La mixité et la diversité sont merveilleuses.

Nellie vit toujours en vous?
Oui. Et je suis fière de Nellie et de sa progression, tout au long de la série. J’ai toujours été fière de mon personnage.

Publicité

Michael Landon imposait-il son rythme de travail sur le tournage?
Oui. Nous étions dans un village fermé en pleine campagne. Un autre univers. Enfants, nous appliquions les valeurs de la série à notre vie personnelle. Cela nous a forgés. J’en ai gardé l’amour du travail bien fait, le goût de la communauté, de la famille et une certaine spiritualité. Kathryn, qui jouait Madame Oleson dans la série, est comme ma propre mère. Elle m’achète encore mes vêtements!
Sur le tournage nous avons intégré des valeurs chrétiennes. Nous avions la foi et la certitude que Dieu guide toute chose. Je venais d’une famille du show-biz qui ne partageait pas ces valeurs mais Michael nous faisait travailler dur avec intégrité. Aucun enfant star de «La petite maison de la prairie» n’a connu la délinquance ni la drogue. Personne n’a fait de braquage. Michael ne voulait pas réaliser un show stupide. Il voulait que nous construisions ensemble quelque chose dont nous serions fiers.

Dans la série, l’Eglise tenait une place centrale. Etes-vous pratiquante?
Oui. Protestante. La vie d’Eglise est très importante pour moi. Je n’ai pas reçu d’éducation religieuse. J’y suis donc venue rapidement, par moi-même. Je crois en Dieu et même si je suis peu pratiquante pour une Américaine, je le suis parfois davantage que les Français (rires). Dieu est très présent dans la série et pas seulement dans les scènes d’Eglise. Cette série fait découvrir une présence. Elle a un impact sur les gens.

L’an passé, vous avez été élue «femme la plus garce des Etats-Unis» juste devant Nicolette Sheridan de Desperate Housewives. Comment avez-vous accueilli cette distinction?
On dit que les hommes préfèrent les garces. C’est vrai, mais c’est triste non? Je me rassure en me disant que c’est mon personnage, la garce, pas moi !

Un beau jour, Nellie devient gentille et fréquentable. Qu’est-ce qui a déclenché ce changemen?
Elle rencontre Perceval, son futur mari. C’est un homme de poigne qui tente de la domestiquer. Nellie sait que les gens s’intéressent beaucoup à son argent, ou à celui de ses parents. Perceval, lui, s’en fiche. Dans une dispute, il laisse échapper qu’elle est jolie. Nellie est sous le charme. Elle ne sera plus jamais la même.

Vous êtes mariée?
Oui. Le mariage est sacré pour moi. C’est rare à Hollywood. Nous nous soutenons même si nous sommes séparés pendant de longues périodes. La confiance nous permet d’évoluer, artistiquement, chacun de notre côté.
Quand mon mari a dit à ses amis qu’il fréquentait la fille de «La petite maison dans la prairie», ils ont demandé «laquelle?». En entendant la réponse, ils étaient effondrés! (rires). Mon mari me téléphone du bout du monde pour me dire «Je regarde un film qui me fait penser à toi». Donc je suppose qu’il regarde un film romantique comme «Coup de foudre à Notting Hill». Mais non, il regarde le «Silence des agneaux»! Vous voyez, pour lui, je suis toujours Nellie !

Vous êtes engagée dans la lutte contre le sida et pour la protection de l’enfance. Où en êtes-vous actuellement?
Pour le sida, je suis investie depuis 1986. Pour la cause des enfants, il y a une grande nouvelle. Notre loi est passée à Washington. Notre projet est de constituer une équipe du FBI qui va se consacrer exclusivement à la répression de la pédophilie et de ses réseaux. Je ne peux pas dire «j’aime les valeurs de la famille et l’intégrité» si je laisse faire et si je ne me bats pas sur le terrain. J’ai tenté pendant des années de faire passer mon projet devant les sénateurs. L’accord est énorme et il va maintenant devenir une nouvelle manière forte de protéger les enfants.

Donc finalement, vous êtes une garce au grand cœur? Que voudriez-vous dire aux vraies garces?
Les «vraies»? Peut-être ceci: vous ne faites du mal qu’à vous-mêmes et (reprenant la célèbre moue de Nellie): «Je vous déteste!» (rires). Non, sérieusement: ces femmes sont ignobles avec leur entourage simplement parce qu’elles pensent que personne ne les aime. Je voudrais leur dire: «Réfléchissez, quelqu’un vous aime».

Propos recueillis par Céline Schmink

Publicité