Skip to content

A Noël, je me sens seule

© Alliance Presse
Comment les solobataires vivent-elles Noël ? Souvent associée à des rassemblements familiaux, la fête de la naissance de Jésus peut laisser à certains un amer sentiment de solitude. Mais le vrai sens de cette fête n’est-il pas capable de libérer les personnes seules de ces émotions négatives ? Enquête
Violaine Attimont

Marie-Dominique : Noël, la joie à 100%
Marie-Dominique, 59 ans, vit seule depuis plus de quinze ans. Maman de deux grandes filles et grand-mère de trois petits-enfants, elle passe souvent les fêtes avec les plus jeunes. «Noël est toujours célébré en famille», raconte-t-elle tout naturellement. Pour cette chrétienne engagée, cette fête est même un moment important qui se vit dans la joie.

Monique : Peur de se retrouver seule
Mais tout le monde ne partage pas toujours ce même enthousiasme. Pour Monique, 56 ans, la notion de famille est tout aussi évidente, certes : «Depuis toujours, je rejoins mes parents le soir du 24 décembre. Comme ma sœur habite en Afrique du Sud, il ne me viendrait pas à l’idée de les laisser seuls ce soir-là», confie-t-elle. «C’est essentiel pour moi de conserver ce lien. Nous nous retrouvons simplement, autour d’un repas. Et même si mes parents ne sont pas croyants, cela reste un moment de partage familial», explique-t-elle.
Mais au-delà de cet aspect familial heureux, Monique n’affronte pas toujours cette période de «fêtes» avec la même joie. «A partir de novembre, je commence à avoir le bourdon», avoue-t-elle. «Noël approche, mais aussi le réveillon de la Saint-Sylvestre et mon anniversaire, des événements pendant lesquels j’appréhende de rester seule, même si ce n’est jamais arrivé jusqu’ici», ajoute-t-elle.

Publicité

Myriam : Des souvenirs qui ressurgissent
Pas facile non plus pour Myriam, 31 ans, qui, même entourée des siens pour Noël, déchante parfois un peu. «Je suis passée par des moments douloureux sur le plan affectif, et me retrouver en famille face à des gens mariés, comme le sont mon frère et ma sœur, n’est pas évident. Cela fait ressurgir des choses difficiles», témoigne-t-elle.

L’Occident contaminé par le Noël familial?
On le voit, le Noël occidental est avant tout familial. Le foyer est à l’honneur, ce qui accentue la solitude de ceux qui vivent non accompagnés. Pour Samuel Foucart, pasteur pentecôtiste en Seine-Maritime, nous subissons en Occident une vision stéréotypée de cette fête : «Nous accordons beaucoup d’importance à cet événement, synonyme de réjouissance familiale, de réunions et de joie. C’est lié à la conjoncture sociale, religieuse. On nous impose des codes sociétaux». Si le pasteur refuse cet état de fait, c’est parce que pour lui, Noël ne devrait être un moment de souffrance pour personne. «Noël, c’est d’abord Dieu avec nous. Tout l’inverse de la solitude. Bien sûr, une sorte de solitude existe, et elle est plus prégnante aujourd’hui, avec de nombreuses femmes seules. Mais fondamentalement, nous ne sommes pas plus seuls à Noël que durant le reste de l’année.»

En Afrique, c’est Dieu qui est au centre de Noël
Myriam témoigne par exemple du soutien que représente la dimension spirituelle : «La prière familiale est un appui certain. Sans Dieu, je pense que je ne serais plus là aujourd’hui». Et donc, même si l’Occident met à Noël l’accent sur la famille, le sens premier de la fête peut procurer un réconfort certain. En Afrique, par exemple, la symbolique chrétienne de Noël prévaut largement sur le rassemblement familial. Marie-Sophie, quarante ans et originaire de Côte d’Ivoire, raconte que Noël y est célébré de tout autre manière qu’en France. Dieu y garde la première place, obligeant les Ivoiriens à se décentrer d’eux-mêmes : «Noël se fête en Eglise et le culte dure toute la nuit. Nous organisons une veille de prière, teintée d’actions de grâce et mêlant des scènes de crèche vivante avec la lecture de la Parole. C’est un grand moment de partage.»

«Noël est un jour comme les autres»
Pour Samuel Foucart, il est important de se rappeler que, d’une certaine manière, Noël est un jour comme les autres : «Parfois, nous avons vécu un simple culte le 25 décembre». Certes, l’Eglise peut organiser des rencontres pour briser la solitude de Noël, mais le pasteur pense que le remède aux crises de solitude passe avant tout par une communion avec Dieu : «Le problème concerne aussi nos sentiments. Le Nouveau Testament met l’accent sur nos pensées captives, qui ont besoin d’être libérées. On combat la solitude en essayant de la combler par des rencontres, mais la clé se trouve dans notre relation à Dieu. Elle détermine notre relation aux autres.»

Défier la solitude en venant à Dieu
Il suffit de voir l’essor des réseaux sociaux pour constater que les gens recherchent ardemment les contacts, les relations. Samuel Foucart remarque que les couples mariés sont aussi concernés : «On peut être très entouré et se sentir seul», admet-il. Face à cette «recrudescence de solitude», il importe de la regarder en face, de la défier. «Nous devons réapprendre à parler à nos montagnes, et la solitude en est une. Admettons-le et confrontons-la à Dieu, à ses promesses et aux exigences de l’Evangile». Dans l’un de ses messages, Samuel Foucart propose d’affronter la solitude en venant dans la présence de Dieu : «Combattez ce terrible sentiment de solitude en mettant votre foi en action. Vous vivez aujourd’hui et vous avez le droit de refuser la solitude de votre cœur». Quoiqu’en disent les codes sociétaux.

Violaine Attimont

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-11 Décembre – Février

Thèmes liés:

Publicité