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A la chasse aux croque-joie

Ce matin, en faisant un peu d’ordre, je suis tombée sur un croque-joie. Vous savez, ces petites choses, ces petits riens agaçants qui transforment notre bonne humeur du lever en un état d’esprit déplorable avant la pause de dix heures!
Véronique Rochat

Ce croque-joie-là était tout poussiéreux: il faut dire qu’il n’avait pas pu gâcher ma joie depuis quelque temps déjà! Normal, ce sont les vacances, il fait beau et frais, les enfants sont chez leur grand-mère. Bref, le paradis, mais l’enfer pour le croque-joie: pas la moindre anicroche pour gâcher ma bonne humeur!

Ce sont les petites anicroches qui nous minent
Car il faut bien le reconnaître, ce qui éteint systématiquement notre joie intérieure, ce sont rarement les grandes catastrophes. Il est même surprenant de voir comme nous sommes capables de gérer celles-ci. Non, ce sont ces petits riens quotidiens qui nous usent, qui nous font perdre patience et notre joie par la même occasion.
Pourtant, nous aimerions tellement faire nôtres ces devises: «Soyez toujours joyeuses!» et «La joie du Seigneur est notre force!». Nous avons beau les chanter, nos croque-joie parviennent souvent à leur fin et nous au découragement. En réalité, je crois que le chant empêche parfois de voir ce qu’est réellement le croque-joie.
–CREDIT–
Rendre la joie probable
Plus sérieusement, cette petite phrase de Georgia Witkin, psychiatre réputée outre-Atlantique, a transformé ma manière de vivre joyeusement au quotidien: «Cultivez la joie en organisant votre vie de manière à ce que la joie soit probable.»
En termes de jardinage, cultiver signifie à la fois désherber et prendre soin. Ainsi, plutôt que de chercher à être à tout prix dans la joie, nous pouvons commencer par désherber; mettre le doigt sur ce qui nous empêche de vivre sereinement; débusquer nos croque-joie et décider de ne plus nous laisser empoisonner l’existence par ce qui est du domaine des choses. Il y aura de toute manière des croque-joie dans nos journées. Ils sont inévitables. Mais nous pouvons choisir de ne leur accorder que peu d’importance. Cela nous permet de garder l’esprit libre pour «cultiver», c’est-à-dire accueillir toutes les petites joies quotidiennes, qui, comme des étincelles, alimentent une flamme plus grande, la vraie Joie.

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Les gens sont plus importants que ce qu’ils font
Ne plus nous laisser énerver par les choses a un autre effet: cela nous permet de réaliser que les personnes sont plus importantes que ce qu’elles font, notamment ce qu’elles font d’agaçant! Si leurs actions peuvent agir comme des croque-joie, les gens eux-mêmes restent aimables, c’est-à-dire dignes d’être aimés. Et c’est bien ce que nous dit l’épître aux Philippiens: il est possible d’être dans la joie, non parce que la vie est rose tous les jours et que les gens que nous côtoyons sont adorables, mais parce que, d’une part nous sommes aimées inconditionnellement et que de l’autre, nous sommes appelées à aimer en retour. Savoir que nous sommes aimées nous permet d’aimer l’autre ou en tout cas de le respecter et de rester dans la joie.

Prendre du temps
Cultiver la joie, c’est aussi prendre le temps pour ce qui nous fait du bien, pour ce qui est beau et réjouit notre âme: c’est ce que j’appelle mon «accroche-joie». Il peut s’agir d’une méditation sur un texte biblique ou un livre qui nous touche particulièrement, une balade en forêt, un café avec une copine, une séance de fitness, la contemplation d’un tableau ou la remémoration de souvenirs heureux, car être dans la joie, c’est être en paix avec soi-même et pourquoi pas, s’aimer un peu plus.

Mon secret
Le réformateur Alexandre Vinet disait que la joie tarit avec l’amour; mais tant que jaillit l’amour, la joie coule avec lui. Finalement, aimer et vivre dans la joie, c’est la même chose. J’ai un secret pour rester joyeuse: j’ai la chance d’avoir l’aide de mes enfants et de mes élèves qui me rappellent à l’ordre: «Madame, vous n’avez pas souri aujourd’hui». Je sais alors que si je ne me ressaisis pas, mes croque-joie auront gagné et que j’aurai perdu ma journée.

Véronique Rochat

SpirituElles

Article tiré du numéro SpirituElles 4-09 – Décembre – Février

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